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L’ESPERANCE ENVERS & CONTRE TOUT



Noël est un temps de fête. Alors que, souvent, le temps de la fête est le temps de l’oubli : on veut tout oublier pour se donner à la fête, la fête de Noël a ceci de particulier qu’elle est aussi le temps de l’espérance. On n’oublie pas et on espère. On espère envers et contre tout que ce que l’on veut oublier – la misère, les injustices, la guerre, le mépris de l’autre que l’on subit ou le mépris que l’on a de l’autre – on espère que tout cela changera. Ce que l’on veut oublier reste présent en toile de fond parce que ce que dit Noël au Monde, c’est que l’enfant qui est au centre de la fête vient le visiter pour le racheter, pour le sauver. Il y a l’espérance personnelle mais aussi l’espérance collective des peuples, du nôtre, l’espérance collective des nations, de la nôtre.



A La Réunion, on espère que cette espérance collective s’affirme et s’affiche. Une idéologie uniformisatrice a tellement formaté les esprits dans le déni des peuples que les peuples eux-mêmes, que notre peuple pour commencer, sont arrivés à ne plus croire à leur existence, encore moins à leur responsabilité et aux pouvoirs que celle-ci lui confère. Chacun veut espérer l’unité réunionnaise, mais personne ne la croit encore possible. Il est important, pour cette raison, que l’espérance collective réunionnaise d’être un peuple s’affirme et s’affiche. Elle s’affichera par des manifestations publiques dans lesquelles n’importe qui pourra voir toutes les catégories que nous venons d’énumérer, autour de la même table en toute égalité pour signer « Les Fondamentaux pour l’ile de la Réunion » et « Les propositions des Etats Généraux » ;  que n’importe qui pourra la voir dans le vote massif du « Référendum local » pour valider « les Fondamentaux » et « Les propositions des Etats Généraux ». 
Seulement voilà, à côté de l’espérance, sévit le doute. Je vois bien présent encore dans mon souvenir, « le foutan » d’un participant à l’une des «réunion-café » que je tiens en ce moment dans l’île : « le foutan » sur « le peuple souverain ». Ce participant était présent à une réunion pour le retour du « peuple souverain », mais il n’y croyait pas. Si le peuple n’y croit pas, il ne reste plus qu’à tirer l’échelle, parce que personne d’autre que lui, humainement, ne le fera,  ne pourra le faire. J’entends encore cet autre participant qui se demande si « les élus », après le référendum, feront ce que le référendum aura voulu. Là encore, fait défaut la confiance de peuple dans lui-même. Au-dessus des diversités sociales, politiques, associatives, si tout le monde se manifeste et vote au référendum pour dire le cadre réunionnais, massivement, je ne vois pas comment les représentants du peuple, qui auront participé à la définition de ce cadre, pourront déroger. Je ne vois pas comment  si le peuple, dans ce cadre, vote massivement pour désigner ses représentants, pourra conserver ceux qui dérogeront. Le retour du peuple, sera la fin du clientélisme qui, lui, finira mécaniquement par la guerre civile politique.

Pour que s’efface le déni de notre peuple, pour que se dissipe le doute quant à la possibilité de son retour, le peuple doit se montrer. Dans l’élaboration des Fondamentaux et des propositions réunionnaises des Etats Généraux, tous les politiques, les politiques de toutes les familles, ont leur place, comme toutes les autres catégories de citoyens. Le peuple souverain n’est contre personne. « Le Projet d’un Peuple » n’est pas au niveau des projets électoraux, légitimes, des partis. Il est au-dessus. A ce niveau, tous les politiques, tous les professionnels, tous les associatifs sont appelés sur le chantier de l’unité réunionnaise. Les médias suivront. 
Le retour des peuples est un problème national, il vaut pour l’Alsace, la Bretagne, le pays basque, la Guadeloupe, La Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon, Tahiti, etc. 
Cette espérance qui nourrit la vision de notre avenir, que traverse le doute que nous avons de nous-mêmes, qui tend à faire de notre partenaire national, parfois, un ennemi, ne doit pas nous faire oublier l’immédiat : l’élimination des acteurs réunionnais, patrons et salariés, la perte de la maîtrise des filières existantes voire leur disparition, l’organisation de l’émigration générale et systématique des locaux pour remédier à la surpopulation, l’étendue du chômage et du niveau de l’assistance sociale qui en résultent. 
Cette espérance pour nous, ne doit pas nous faire oublier notre devoir de solidarité pour les peuples de l’Indianocéanie, pour Mayotte en particulier, de surcroît française, que l’on soit pour ou contre. L’indianocéanie est l’espérance d’une partie des peuples de nos îles. Cette espérance réunionnaise ne doit pas nous laisser indifférents pour un monde de justice et de paix. Nous n’oublierons pas non plus, l’état de notre nation en ce moment en crise.  

Dans le concert culturel, politique, économique et social de notre nation, notre peuple doit montrer sa marque. Que 2025 soit l’année de notre engagement sur le chantier de notre Peuple. « Les Fondamentaux », « les propositions réunionnaises », validés par le référendum local, « la refondation de notre relation avec la nation » pour parler comme les dirigeants des outre-mer, doit changer notre vie. C’est l’espérance que nous portons en secret pour la majorité d’entre nous, que nous devrons montrer au grand jour. 
Bonne année à chacune et à chacun d’entre vous et rendez-vous sur le chantier, le chantier de notre peuple. J’y crois.

Paul HOARAU
N° 263 – LUNDI 23 DECEMBRE 2024 - Journal de Paul HOARAU      
  




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